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Enceintes, elles ont vécu de la discrimination au travail

Maïté Belmir

Elles ont un emploi et tombent enceintes. Dès l’annonce de leur grossesse à leur employeur, leur vie professionnelle bascule. Malgré l’évolution des mentalités et des lois, des Québécoises subissent encore les répercussions de leur grossesse sur leur lieu de travail. Nous avons parlé à deux d’entre elles.

On a tendance à croire qu’en 2022, les femmes sont libres de tomber enceintes sans craindre de perdre leur emploi, ou de voir leurs conditions de travail se détériorer. Pourtant, pour beaucoup d’entre elles, leur grossesse a eu de graves conséquences sur leur vie professionnelle.

En France, une étude du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, publiée en 2018, indiquait que 84 % des femmes estiment que la maternité a eu un effet négatif sur leur carrière professionnelle.

Un combat solitaire

Roula El Haddad est une femme carriériste. Originaire du Liban, elle est arrivée au Québec en 2011. Elle tombe enceinte et attendra la fin de sa grossesse pour chercher un emploi, de crainte de ne pas être embauchée.

Elle trouve un emploi en 2013 dans une entreprise de solution de déshumidification de l’air. Elle tombe à nouveau enceinte en 2014. « J’ai des grossesses difficiles, je suis obligée d’aviser mon employeur », explique Mme El Haddad, qui est aujourd’hui directrice générale d’une entreprise de fabrication de pièces pour l’industrie.

À l’époque, elle demande au vice-président de l’entreprise d’aménager son poste de travail en attendant la fin de son premier trimestre de grossesse, puisqu’elle vomit souvent et qu’il « est difficile d’être en déplacement ».

« Il m’a regardée d’un air méprisant et m’a dit : “C’est ta première job au Canada, tu es immigrante. Tu penses vraiment que c’est le bon moment pour tomber enceinte?” » raconte Roula El Haddad, la voix tremblante et les larmes aux yeux.

Et ça ne s’arrête pas là. Alors qu’il lui arrive d’être en retard à cause d’un malaise en venant au travail, son employeur prend la liberté de déduire ce temps de sa fiche de paye. Nouvelle au pays, elle ne sait pas que ces pratiques sont abusives et illégales.

Roula El Haddad est émotive en racontant son histoire. Elle pensait avoir tourné la page, mais la blessure est encore bien présente.

Quand l’employeur met des bâtons dans les roues

Violette Goulet était en retrait préventif pour allaitement de son premier enfant lorsqu’elle est tombée enceinte de son deuxième. C’était en 2017. À ce moment-là, elle travaille pour la compagnie Probec Démolition Inc. « J’appréhendais

la réaction de mon employeur », confie-t-elle.

Lorsqu’elle demande un retrait préventif pour sa nouvelle grossesse, son employeur nie le lien d’emploi entre l’entreprise et Violette et prétend auprès des institutions

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2022-11-24T08:00:00.0000000Z

2022-11-24T08:00:00.0000000Z

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