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Les gardiens des îles sauvages du Bas-saint-laurent

Daphnée Hacker-b.

Pour préserver la biodiversité, on peut espérer des actions gouvernementales... ou prendre les choses en main. C’est ce que font les « gardiens des îles du Bas-saint-laurent », un groupe de jeunes qui reprend le flambeau d’une initiative citoyenne qui permet de préserver la faune marine de plusieurs îles depuis les années 1980.

Tout d’abord, un peu de contexte. Les îles sauvages du Bas-saint-laurent se situent à la hauteur de Rivière-du-loup et on y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux marins et de phoques.

En 1979, un groupe de militants, dont fait partie le biologiste Jean Bédard − à qui on doit la création du parc national de la Jacques-cartier −, fonde l’organisme Duvetnor et trouve le financement nécessaire à l’achat de plusieurs des îles. Elles étaient alors des propriétés privées, convoitées à des fins commerciales.

Au fil des ans, la majorité des îles ont été acquises par le gouvernement et sont devenues des aires protégées. « Les jeunes ont compris que le combat n’est pas fini. Chaque jour, on doit s’assurer que la faune et la flore sont préservées comme il se doit », dit Jean Bédard.

À ce jour, Duvetnor est encore propriétaire de certaines portions d’îles. L’équipe a négocié avec les gouvernements le mandat d’assurer la conservation et d’offrir un accès contrôlé au public. On vous présente les nouveaux gardiens.

Du baccalauréat au terrain

C’est durant son baccalauréat en environnement qu’arianne Jacques a entendu parler du combat citoyen qui a mené à la protection des îles du Bassaint-laurent, dont l’île aux Lièvres (une des seules du parc marin qui soit accessible aux touristes). Dès qu’elle y a mis le pied, il y a trois ans, elle est tombée en amour avec les lieux.

« J’admire ce travail que les fondateurs ont fait, pour s’assurer que les futures générations puissent encore admirer ce que la nature a de plus beau à nous offrir, dit-elle. Il faut croire au pouvoir citoyen. »

Arianne se fait un devoir d’informer un maximum de visiteurs de l’île aux Lièvres que cet espace de conservation découle d’une initiative citoyenne. « Si des groupes citoyens continuent de se créer et de protéger d’autres portions du territoire, c’est comme ça qu’on va réellement préserver notre environnement, en sentant qu’on peut avoir un impact. »

Se connecter à la nature

La majorité des visiteurs de l’île aux Lièvres sont souvent surpris que la randonnée pédestre soit la seule activité autorisée. « Tout d’abord, on ne veut pas perturber les animaux ni la flore avec des activités comme le kayak ou le vélo, mais surtout, on veut que les gens réapprennent l’art de juste se poser et de contempler », explique Marika Milani.

La jeune femme a oeuvré dans le milieu événementiel et festivalier durant une décennie avant que la pandémie frappe l’industrie. « Beaucoup de gens sont surpris que je veuille rester dans un lieu aussi paisible. Mais comme les autres visiteurs de l’île, je réalise combien c’est important de se connecter de façon pure et simple avec la nature, c’est comme ça qu’on trouve la vraie motivation de la préserver et de faire des sacrifices en ce sens. »

« Apprendre à contempler, c’est la première étape », résume-t-elle.

Se sentir sur son X

Pour Jean-gabriel Morin, Montréalais d’origine qui a longtemps travaillé en marketing, le travail de gardien des îles a été une vraie révélation. « Je ne me suis jamais autant senti sur mon X. Je ne me demande plus si j’en fais assez [pour la planète]. Je sais que je contribue à son maintien, que je fais ma part. »

Il espère que chaque personne réellement soucieuse de l’avenir trouve, à sa façon, le moyen de poser des actions concrètes pour le maintien d’un écosystème. « Je ne vis plus d’écoanxiété », dit-il.

Travailler pour les oiseaux

C’est au début de la vingtaine qu’olivier a découvert les îles du Bas-saint-laurent et a tout de suite été séduit par la mission de Duvetnor. « On travaille pour les oiseaux avant tout, on s’assure qu’ils restent en tout temps les maîtres des lieux », dit-il.

Vingt ans plus tard, celui qui agit dorénavant comme chef d’équipe à Duvetnor continue, chaque jour, de s’assurer que ses coéquipiers comprennent leur mission : éduquer pour conserver.

« On veut que les visiteurs voient les oiseaux et vivent ce moment magnifique de connexion avec la nature, mais en s’assurant de faire un minimum de dérangement. »

Olivier rappelle que les îles sont des lieux propices pour la reproduction de nombreuses espèces marines, raison pour laquelle la majorité des îles sont des zones de conservation où la présence humaine est interdite. « Les espèces ont besoin de ces havres. »

Dossier | Biodiversite

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2022-09-22T07:00:00.0000000Z

2022-09-22T07:00:00.0000000Z

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