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Les baisses d’impôt seront peu efficaces pour la classe moyenne

Andrea Lubeck

La Coalition Avenir Québec (CAQ) a tenu sa promesse et a baissé les impôts des deux premiers paliers de revenus dans son budget 2023-2024, présenté mardi. Mais ces baisses vont davantage bénéficier aux Québécois gagnant de hauts revenus qu’à ceux qui empochent un salaire sous la moyenne et qui subissent le plus les contrecoups de l’inflation, révèle une étude de l’institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a en effet baissé les impôts de 1 % pour les Québécois qui gagnent jusqu’à 49 275 $ (passant d’un taux d’imposition de 15 % à 14 %) et pour ceux qui font entre 49275 $ et 98540 $ (de 20 % à 19 %) en 2023.

Si le gouvernement laisse entendre que les Québécois de la classe moyenne sont ceux qui en bénéficieront le plus, ce n’est pas tout à fait le cas, écrivent les auteurs de la publication, Guillaume Hébert et

Pierre-antoine Harvey, chercheurs à L’IRIS.

« Le fonctionnement de l’impôt fait en sorte que les ménages plus aisés profitent autant sinon davantage de la diminution du taux d’imposition qui s’applique sur les paliers inférieurs puisque ces paliers englobent une plus grande partie de leur revenu », lit-on dans l’analyse.

Les personnes qui font 30 000 $ par année verront leurs impôts baisser de 108 $, alors que ceux qui gagnent 50 000 $ annuellement auront une baisse de 328 $, calcule L’IRIS.

Par ailleurs, environ 35 % des Québécois ne pourront pas bénéficier de cette baisse d’impôt puisqu’ils gagnent des revenus se situant sous le seuil de 20 000 $ permettant d’en profiter, affirment les chercheurs.

D’OÙ PROVIENDRA L’ARGENT?

Le coût fiscal des baisses d’impôt s’élève à 1,7 milliard de dollars, que le gouvernement a décidé de financer en sabrant les versements au Fonds des générations dans les prochaines années.

Même si L’IRIS plaide pour l’annulation des baisses d’impôt, elle estime que cette décision devrait néanmoins être maintenue, car « les objectifs de réduction de la dette au coeur de la mission du Fonds des générations ont été atteints ou dépassés », indique la chaire de recherche.

Cette dernière illustre que la dette brute du Québec représente 40,4 % du PIB en mars 2023, alors que l’objectif était de ramener ce ratio à 45 % d’ici mars 2026.

Ainsi, avec les revenus de 1,7 milliard $ pour l’état qu’aurait entraînés l’annulation de la modification des tables d’imposition, L’IRIS suggérait de « mieux financer les services publics ou effectuer des transferts pour protéger le pouvoir d’achat des ménages les plus fortement affectés par l’inflation ».

Dossier

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2023-03-23T07:00:00.0000000Z

2023-03-23T07:00:00.0000000Z

https://24heures.pressreader.com/article/281925957259719

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