24 Heures Montréal e-edition

Votre 24 heures à travers les époques

Vous tenez entre vos mains la dernière édition papier du 24 heures. Après plus de 20 ans, on peut dire que ce journal aura accompagné de nombreux Montréalais dans leurs déplacements en transport en commun.

Léa Papineau Robichaud 24 heures

C’est le 12 mars 2001 que l’histoire du 24 heures commence. À l’époque, le journal distribué gratuitement aux alentours des stations de métro s’appelait cependant le Montréal Métro

politain. C’était le début de la rivalité avec le journal Métro, lancé la même année.

Le 24 octobre 2003, le Montréal Mé

tropolitain change de nom et d’image de marque, pour devenir le 24 heures, dans l’espoir d’obtenir la place exclusive dans les stations de métro qui était alors occupée par Métro.

« La ligne éditoriale est restée la même, mais ça a été un beau changement au niveau graphique. On a eu aussi d’autres employés qui se sont ajoutés », précise Benoît Rioux, qui faisait partie de la petite équipe de journalistes du Montréal Métropolitain.

« Quand tu es dans un nouveau journal et que ton produit est à établir, c’est super le fun parce que tu as une certaine liberté. Moi au début, j’étais responsable des Sports, des Arts et spectacles, de la Techno, j’avais une chronique de jeux vidéo et je m’occupais de la page 2 qui était un peu plus légère avec des nouvelles insolites. J’ai appris en faisant un peu de tout. Ce sont de beaux moments », se remémore celui qui est aujourd’hui journaliste sportif au Journal de Montréal.

PAS D’INTERNET DANS LE MÉTRO

« À cette époque-là, ce n’était pas la même réalité au niveau d’internet et des réseaux sociaux. Il y avait une place plus importante pour le journal papier », souligne Benoît Rioux.

Effectivement, il faut replonger quelques années dans nos souvenirs pour se rappeler que le signal cellulaire ne rentrait même pas dans les stations de métro.

« Le web, on n’y pensait pas beaucoup, avoue Cédérick Caron, qui a occupé le poste de chef des nouvelles au 24 heures de 2014 à 2019. Le mandat était encore beaucoup tourné autour du papier, parce que le 24 heures avait l’exclusivité dans le métro de Montréal à mon époque. On n’avait même pas de personne de l’équipe assignée au site web vraiment, c’était fait par un autre département de l’entreprise. »

Notre rapport à l’information était aussi bien différent au moment où le 24 heures était à son apogée, puisque les nouvelles étaient moins « instantanées ».

« On avait le temps de fouiller la nouvelle, indique Henri Michaud, qui a travaillé au 24 heures de 2008 à 2013. Aujourd’hui, tu reçois des alertes sur ton téléphone avec très peu de détails. Par exemple, interruption de service sur la ligne orange, ça va durer 25 minutes. C’est causé par un bris mécanique. Par contre, tu ne sais pas c’est quoi le bris mécanique. À l’époque, tu savais, en lisant ton journal, que le métro avait perdu une roue ou que le frein était défectueux, parce qu’on avait le temps de fouiller la nouvelle. »

Les journaux gratuits avaient donc vraiment la cote dans les transports en commun. En 2010, le 24 heures et le Métro imprimaient chacun environ 150 000 copies chaque jour de semaine, selon le Centre d’études sur les médias de l’université Laval.

DES THÉMATIQUES RÉCURRENTES

Même si le look du 24 heures a beaucoup évolué avec les années, suffit de feuilleter quelques anciennes éditions pour constater que certaines thématiques reviennent beaucoup, la vie montréalaise entre autres.

« Fallait que ça sente Montréal. On avait peu de faits divers, ça appartenait plus au Journal de Montréal. Nous autres, on traitait de la nouvelle qui touchait la ville, les citoyens et contribuables de Montréal », mentionne Henri Michaud.

« On faisait beaucoup de hard news, mais en voulant prendre une tangente un peu plus urbaine et art de vivre.

Entre autres, chez Québecor, au niveau papier, c’était le 24 heures qui avait le mandat de couvrir l’hôtel de ville de Montréal », ajoute Cédérick Caron.

Les transports collectifs ont aussi fait couler énormément d’encre au 24 heures. Encore ces dernières années, ç’a été un sujet de prédilection.

« Le transport en commun, c’était un peu notre mission en quelque sorte », lance Henri Michaud, aujourd’hui pupitreur chez Média QMI.

« Nous ce qu’on voulait, c’était informer notre lecteur et défendre ses intérêts. Si la majeure partie de ton lectorat est dans le métro et dans les trains et que tu veux défendre l’intérêt de ton lecteur, il faut que tu parles de ce qui fonctionne moins bien dans les transports », soulève Cédérick Caron.

« On dérangeait un peu L’ARTM, la STM, etc. Parce que quand il y avait des ratés, on en parlait. Quand exo a commencé, on avait même fait une manchette “Exo-spérés”, se rappelle celui qui est aujourd’hui chef de pupitre au Journal de Montréal. Exo avait décidé de mettre fin à la distribution du 24 heures sur ses rails, parce qu’ils étaient en colère qu’on ait écrit sur le fait que les gens étaient écoeurés d’attendre leur train. Mais on ne faisait pas seulement taper sur le clou, on faisait de beaux reportages positifs aussi sur la STM et L’ARTM », poursuit Cédérick Caron.

LA PANDÉMIE CHAMBOULE TOUT

D’ailleurs, comme le lectorat du 24 heures était principalement dans les transports en commun, la pandémie est venue changer la donne pour le média urbain.

« L’achalandage dans le métro est descendu à un point vraiment anémique pendant la COVID, et ce n’était pas une période où tu voulais prendre un journal qui était dans une pile que quelqu’un avait touchée avant. Aujourd’hui, on relativise mieux, mais à l’époque, ouf! » se souvient Camille Dauphinais-pelletier, qui était cheffe des nouvelles du 24 heures à cette époque.

La publication du quotidien a quand même été maintenue à 5 jours par semaine pour l’année 2020.

En 2021, le 24 heures a connu toute une transformation. En plus d’un nouveau changement d’image, la publication papier est passée à un numéro par semaine, contenant un dossier étoffé, des pages d’actualité ainsi que des pages lifestyle. L’accent a été davantage mis sur le site web et les réseaux sociaux, qui existaient à peine auparavant. « Ç’a été un gros changement d’orientation, parce qu’on changeait aussi notre public cible, qui allait plus se concentrer sur les 18-35 ans, alors qu’avant, on n’avait pas ce mandat-là. Ç’a été un gros défi, qu’on a relevé à distance vu que c’était la pandémie », poursuit Camille Dauphinais-pelletier, aujourd’hui cheffe de contenu au 24 heures.

Le 24heures.ca ainsi que les comptes Instagram, Tiktok, Facebook, Twitter et YouTube roulent sans relâche depuis. « Les réseaux sociaux nous rapprochent de nos lecteurs, il y a beaucoup d’interactions. J’aime savoir ce que les lecteurs pensent en temps réel, on peut répondre à leurs interrogations », ajoute Camille Dauphinais-pelletier.

Ainsi, le 24 heures publie le 23 mars 2023 sa dernière édition papier, mais ne cesse pas d’informer pour autant.

Dossier

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2023-03-23T07:00:00.0000000Z

2023-03-23T07:00:00.0000000Z

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