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Le métro va continuer à se faire inonder

Anne-sophie Poiré

On le sait : les évènements de météo extrême, comme la pluie torrentielle qui s’est abattue sur Montréal la semaine passée, vont se multiplier à cause des changements climatiques. Il est donc urgent d’adapter nos infrastructures, pour éviter que le métro soit constamment inondé.

« On est totalement en retard par rapport au climat », lance le directeur général d’ouranos, Alain Bourque.

« Les risques liés aux changements climatiques ont augmenté, mais nos actions sur le terrain, elles, ne se sont pas adaptées. On a des infrastructures qui ont été massivement construites avec l’hypothèse que le climat du passé était représentatif du climat du futur. Mais ce n’est pas le cas », prévient le météorologue.

Ça a des impacts sur le quotidien des gens. Le service de la ligne orange a été brièvement interrompu, et une infiltration d’eau a également forcé la fermeture de la station Square-victoria–oaci pendant quelques heures.

Un métro conçu pour l’ancien climat

Le porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Déry, constate, lui aussi, les effets des changements climatiques sur le métro.

« Il y a 50 ou 60 ans, quand on concevait une station, on se fiait aux normes de précipitations de cette époque. On constate aujourd’hui qu’il y a plus de phénomènes météo extrêmes qui mettent à l’épreuve nos installations », dit-il, précisant que la STM est en train d’élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques.

« Tout le réseau du métro se situe plusieurs mètres sous terre. Le risque zéro pour les infiltrations d’eau n’existe pas. C’est difficile de pointer une entrée d’eau en particulier. Elles sont multiples », explique M. Déry. « Ce qui compte maintenant est de protéger nos infrastructures avec des membranes d’étanchéité par exemple [...] et contrôler l’endroit où l’eau est acheminée dans les stations », ajoute-t-il.

Les cinq nouvelles stations de la ligne bleue seront par ailleurs plus surélevées que les anciennes pour réduire le risque d’infiltration.

Les Villes veulent un Pacte vert

Le matin des inondations, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en compagnie des maires des neuf autres plus grandes villes du Québec, avait justement réclamé un « Pacte vert » avec le prochain gouvernement du Québec.

Les élus souhaitent que soit mis en place un fonds de 2 milliards $ par année, sur cinq ans, pour adapter leurs infrastructures aux conséquences des changements climatiques.

Dans l’après-midi, le premier ministre sortant, François Legault, avait refusé de s’engager. Il a plutôt mentionné son ouverture à élargir certains programmes existants. Une situation « ironique », selon Mme Plante, vu la tempête qui s’est abattue sur la métropole seulement quelques heures plus tard.

« Plus les épisodes liés aux changements climatiques sont importants et forts, plus notre réseau, qui n’a pas été construit pour recevoir ce genre d’épisode là [aura de la difficulté] », a signalé Mme Valérie Plante, au cours d’une réunion de son comité exécutif, le lendemain.

Une « tropicalisation de nos étés »

Au centre-ville de Montréal, près de 40 millimètres (mm) se sont accumulés en une heure à peine le 13 septembre.

Entre 80 et 110 mm de pluie sont tombés sur la grande région de Montréal au cours de la journée – dont 40 mm en à peine une heure dans la métropole. La normale des précipitations pour tout le mois de septembre est de 93 mm, selon Environnement Canada.

Alain Bourque rappelle que les changements climatiques augmentent la probabilité de subir ce genre d’évènement. Les épisodes de pluie diluvienne risquent donc de se produire plus souvent, d’être plus longs et plus intenses.

En pleine heure de pointe, de nombreux véhicules ont été immobilisés par les importantes accumulations d’eau. Piétons et cyclistes se sont retrouvés à patauger dans des rues submergées.

La Rive-sud de Montréal et la région de Lanaudière ont aussi goûté à ce déluge.

« On assiste à une tropicalisation de nos étés, avec de la sécheresse et des coups de pluie soudaine. Le climat de la Pennsylvanie et de New York a tendance à se déplacer vers le nord, au Québec », souligne-t-il.

– Avec l’agence QMI

Dossier | Biodiversite

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2022-09-22T07:00:00.0000000Z

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