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Méfiez-vous des gens qui prétendent s’enrichir avec le dropshipping

Sarah-florence Benjamin

Si vous avez fait des achats en ligne récemment, vous avez peut-être acheté d’un dropshipper.

Qu’est-ce que c’est ? En gros, le dropshipping, c’est la pratique de jouer l’intermédiaire entre un fournisseur et une clientèle avec un investissement minimal. Le dropshipper déniche un produit au coût très réduit, souvent sur des sites comme Wish ou Aliexpress, afin de le vendre sur sa propre plateforme à un prix plus élevé. Lorsqu’il reçoit une commande, l’intermédiaire n’a qu’à passer à son tour une commande à son fournisseur, qui l’envoie directement au client.

Les marges de profit peuvent être hautes, car les produits coûtent peu cher et le dropshipper n’a pas besoin de gérer l’entreposage, l’inventaire ou la livraison de ses produits. D’où les gens qui disent qu’on peut se faire un tas d’argent de cette façon.

PAS SI FACILE QUE ÇA

On dit souvent que le dropshipping demande un investissement minimal. C’est vrai qu’il ne se fait pas sur le plan de l’approvisionnement, mais plutôt de la promotion. Le dropshipper doit faire connaître son produit à des clients et, surtout, s’assurer que ces clients se le procurent sur sa plateforme. Pour cela, il faut bien souvent acheter de la publicité ciblée sur les réseaux sociaux. Les sommes demandées « Gagnez 10 000 $ par mois en étant votre propre patron. » Si on en croit ces slogans accrocheurs qu’on voit passer sur les réseaux sociaux, le dropshipping est le nouveau secret pour faire de l’argent rapidement et facilement. En réalité, ce marché est de plus en plus saturé et la pratique, elle, est de plus en plus impopulaire chez les consommateurs. pour la promotion constante du produit peuvent alors facilement dépasser les profits engendrés par ses ventes.

« C’est très compétitif parce qu’il n’y a pas de barrière à l’entrée, il faut donc appliquer le prix le plus bas auquel on peut le trouver sur internet », remarque Sylvain Amoros, professeur associé au département de marketing de HEC Montréal.

UNE PRATIQUE QUI N’A PAS LA COTE

Plus le phénomène du dropshipping est connu du public, moins il semble avoir la cote. Devant une publicité ciblée sur son fil Instagram, un consommateur averti aura plutôt le réflexe de chercher le produit à la source plutôt que de passer par le site d’un dropshipper où il le paiera beaucoup plus cher.

Et devant des déceptions, les dropshippers risquent de faire face à un cassetête de gestion. « Comme on ne contrôle pas le produit, on perd le contrôle qualité, c’est difficile de gérer les rétroactions négatives des consommateurs », souligne Sylvain Amoros, qui siège également sur la Chaire de commerce électronique RBC.

En plus, l’inventaire n’est jamais garanti : le produit pourrait ne plus être disponible chez le grossiste au moment de passer la commande.

L’ILLUSION DU SUCCÈS

Pourquoi voit-on tant d’histoires de succès grâce au dropshipping ? Parce que c’est en vendant cette « recette » que plusieurs font de l’argent.

Lorsqu’on se lance dans une recherche sur le sujet, on est aussitôt bombardé d’offres de cours, de conférences et de formations. Ces experts font souvent miroiter que le dropshipping leur a permis d’abandonner le 9 à 5 et de travailler partout dans le monde. Tout ce qu’un débutant aurait à faire pour avoir du succès, c’est de suivre une de leur formation.

Dans les faits, il est difficile d’avoir accès aux réels profits que ces gens disent engranger. Il est aussi difficile de savoir quelle proportion de leurs revenus provient de la vente en ligne et laquelle de la vente de conseil d’affaires.

« Oui c’est un modèle d’affaires qui est d’une simplicité absolue, mais comme il y a énormément de compétition, il y a des gens qui vendent du rêve là-dessus », résume Sylvain Amoros.

− Avec Camille Dauphinais-pelletier

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2022-06-30T07:00:00.0000000Z

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