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Aider un proche qui s’isole, c’est parfois impossible

Geneviève Abran

Le musicien Karim Ouellet était décédé depuis deux mois lorsque sa dépouille a été retrouvée. Sur les réseaux sociaux, plusieurs se sont demandé comment c’était possible. Il faut savoir que garder contact avec un proche qui souffre d’un problème de santé mentale, c’est parfois très difficile, voire impossible, insistent des psychologues.

« Une personne qui vit une certaine détresse peut s’isoler au point de dire qu’elle ne parle plus à aucun ami, à aucune personne de son entourage », explique Caroline Ouellet, psychologue à la Clinique pour blessures liées au stress opérationnel de l’hôpital Sainte-anne. La semaine dernière, on apprenait dans un rapport de coroner que le musicien Karim Ouellet était décédé à la suite de complications de son diabète de type 1 et après avoir consommé de la méthamphétamine.

L’artiste serait mort autour du 15 novembre 2021, après avoir été hospitalisé à deux reprises du fait de sa maladie, et son corps a été retrouvé le 17 janvier, soit près de deux mois plus tard.

Ces nouvelles informations entourant le décès de l’artiste ont créé une onde de choc au Québec.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs se sont demandé comment il a pu se retrouver aussi isolé de ses proches et comment son corps a pu être découvert aussi longtemps après son décès.

« Ça peut être très difficile de vouloir aider [une personne qui souffre de détresse psychologique], entre autres, parce que la personne peut repousser [ses proches] », rappelle Caroline Ouellet.

« Il peut y avoir une phase de déni, il peut aussi y avoir de la colère associée à des problèmes de santé mentale », poursuit-elle.

DES PROCHES ÉPUISÉS

Et quand une personne en détresse psychologique refuse l’aide de ses proches, ces derniers peuvent en venir à se sentir épuisés et à prendre leurs distances, affirme Caroline Ouellet.

La directrice générale adjointe de l’association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM), Céline Ménard, abonde dans le même sens.

Bien qu’on se fasse généralement un « devoir » d’aider un proche aux prises avec un problème de santé mentale, il arrive qu’on finisse par baisser les bras, se sentant impuissant.

Aussi tragique soit-elle, la mort de Karim Ouellet n’est d’ailleurs pas unique. Chaque année, des personnes, souvent âgées, meurent seules, et leur corps est retrouvé des jours ou des mois plus tard, souligne Caroline Ouellet.

Des conseils pour aider celui qui souffre :

• Si un de vos proches souffre de détresse psychologique, effectuez des recherches sur son problème, suggère Caroline Ouellet.

• Demandez à la personne quels sont ses besoins.

• Encouragez cette personne à aller chercher de l’aide. Vous ne pouvez pas faire les démarches à sa place, mais vous pouvez l’encourager, mentionne Céline Ménard. Parfois, ça peut prendre « des années » avant qu’une personne décide de demander de l’aide, prévient-elle.

• Si la personne s’isole, essayez de continuer à aller la voir, à l’appeler ou à lui écrire, pour prendre de ses nouvelles et lui rappeler qu’elle n’est pas seule.

Des conseils pour celui qui aide :

• Fixez vos propres limites. Même si vous voulez être présent pour la personne, vous devez aussi prendre soin de vous, insiste Caroline Ouellet.

• Prenez du temps pour vous, pour vous détendre ou vous ressourcer. Vous devez être capable de refaire le plein d’énergie, souligne-t-elle.

• Ne vous isolez pas à votre tour. Lorsqu’on tente de venir en aide à une personne malade, on en vient parfois à s’isoler soi-même.

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