La contraception devrait être gratuite au Québec

Notre gouvernement devrait imiter la France et même aller plus loin que celle-ci en s’assurant que les moyens de contraception soient gratuits pour toutes et pour tous, selon des intervenants en santé.

« Tout ce qui améliore l’accès aux moyens de contraception est une bonne chose », souligne d’emblée la coordonnatrice au développement et au rayonnement communautaire du Centre de santé des femmes de Montréal, Marianne Rodrigue.

Selon elle, Québec devrait « mettre en place la gratuité pour tous les moyens de contraception pour toutes les femmes ».

ÇA COÛTE CHER POUR UNE ADO

Une telle mesure, qui permet d’éliminer la « barrière financière », est nécessaire au Québec pour limiter le nombre de grossesses inattendues, affirme la Dre Giosi Di Meglio, spécialiste en médecine de l’adolescence.

Les adolescentes sont « très vulnérables », car comme elles n’ont bien souvent pas d’argent à elles-mêmes, elles n’ont pas les moyens d’avoir accès à la contraception sans passer par l’assurance privée de leurs parents, souligne-t-elle.

Or, certaines jeunes femmes craignent d’en parler avec leurs parents et se mettent à risque.

Elles se tournent, par exemple, vers des « méthodes moins efficaces », ce qui augmente le risque de grossesses indésirées.

L’accès gratuit à la contraception est donc un moyen pour les femmes de se réapproprier leur corps et de choisir si elles veulent ou pas des enfants et si oui, à quel moment, mentionne Marianne Rodrigue.

BON POUR TOUTE LA SOCIÉTÉ

La contraception gratuite n’est d’ailleurs pas que bénéfique pour les femmes, souligne la Dre Di Meglio. « Pour chaque grossesse qui arrive à un moment inattendu ou indésiré, les frais au système de santé excèdent le coût de la contraception. »

Le Québec aurait même avantage à aller encore plus loin que la France, dit-elle.

LIMITE D’ÂGE ?

La nouvelle mesure est un pas dans la bonne direction, mais il est insuffisant, selon la Dre Di Meglio.

L’âge ne devrait pas être limité à 25 ans, par exemple. « L’idéal serait que tout le monde ait accès au moyen de contraception qui fonctionne pour son mode de vie », insiste-t-elle.

TOUS LES MOYENS

Marianne Rodrigue suggère elle aussi de rendre tous les moyens de contraception gratuits, qu’ils soient hormonaux ou pas, féminins ou masculins.

Sinon, « ça renforce l’idée selon laquelle la contraception est une affaire de femme, et que c’est la femme qui doit s’en occuper, dit-elle. Ça ajoute à la charge mentale de la contraception ».

« Ce qui est important, c’est de tendre à inclure tout le monde, parce que les hommes aussi ont leur rôle à jouer dans la contraception. Ils peuvent choisir la méthode qui leur convient. »

ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Pour qu’une telle mesure fonctionne, il est par ailleurs essentiel d’améliorer l’accès à un médecin de famille. « Les délais pour un médecin de famille sont très longs. Il y a beaucoup de femmes qui cherchent à obtenir un rendez-vous », regrette Marianne Rodrigue.

Elle appelle finalement à une meilleure éducation à la sexualité « globale et positive » qui présente toutes les options relatives à la contraception, tant pour les femmes que pour les hommes.