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Sommes-nous réellement libéré.e.s sexuellement ?

ROSE-AIMÉE AUTOMNE T. MORIN Collaboration spéciale

C’est quand il est allé à Berlin que le chorégraphe et interprète Gérard X Reyes a compris qu’on pouvait être beaucoup plus libres sexuellement. Qu’il y a moyen de

« vivre pleinement les vibrations du corps et de la sexualité », comme il le dit.

Selon lui, la société québécoise est bien moins libérée qu’elle le croit sur le plan sexuel, et c’est en bonne partie à cause de la honte.

« Il y a une matrice de honte par rapport à notre propre corps, explique-t-il. Comme on ne la voit pas, on ne se rend pas compte qu’elle est là ! Ça passe par des petits commentaires, un manque d’intérêt, un inconfort. Probablement que la religion nous a affectés ; elle fait partie de la société, crée des règles et devient politique. C’est difficile de s’en sortir, surtout si on ne découvre pas d’autres traditions, cultures et façons de faire… » rapporte-t-il.

Pour enrichir sa réflexion sur la sexualité, l’artiste a suivi une formation d’éducation sexuelle somatique, une approche basée sur le corps. « Il s’agit de comprendre comment la sexualité nous habite, comment elle peut s’exprimer à travers le toucher, la respiration, le mouvement et le son… Si le sexe était un repas, ce serait ses aliments principaux. Ça et l’imagination ! », ajoute-t-il.

L’ORIGINE DU MONDE

Gérard X Reyes présentera l’oeuvre Public/private parts ou L’origine du monde, du 10 au 12 juin, au Festival Transamériques (FTA). Il s’est entouré de travailleurs.euses du sexe, d’artistes

et d’éducateurs.trices pour se pencher sur le corps et ses représentations. Sa création remet en question les frontières entre l’art et la pornographie et nous pousse à réfléchir à la manière dont on habite notre propre peau.

Au gré de ses expériences, de ses formations et des nombreuses entrevues qu’il a menées pour créer Public/private parts ou L’origine du monde, l’artiste en est venu à la conclusion que nous sommes encore très orienté.e.s vers la reproduction. « Quand on pense à la sexualité, je crois qu’on pense souvent à “partenaire”, à “homme et femme”… Il y a beaucoup à déconstruire ! Sans trop penser à la pénétration ou à l’orgasme, comment peut-on apprendre à vivre plus pleinement notre sexualité ? À faire plaisir à notre propre corps et à se donner de l’amour, avant même de réfléchir à un partenaire ? »

C’est une bonne question ! Et quand on prend le temps d’y répondre, on trouve de quoi faire éclater toute matrice de honte…

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2021-06-10T07:00:00.0000000Z

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